4 Octobre 1961 : le 48ème salon automobile ouvre ses portes. Les visiteurs ne le savent pas encore, mais ce qu’ils vont découvrir est une révolution… de simplicité ! C’est chez Renault que se trouve la bête : un profil cubique contrasté par les rondeurs du capot et du toit, une silhouette qui marquera à jamais le paysage automobile français. La Renault 4L est là ! Succédant à la 4ch devenue obsolète, la 4L marque un tournant radical dans l’histoire de Renault. Economique, pratique, elle se veut proche du peuple. Et ça marchera : elle sera produite jusqu’en 1992 à plus de 8 000 000 d’exemplaires !
Retour sur ce mythe automobile, qui fête ses 60 ans !
21 Septembre 1961: le début d’une success story. La R4 attire tant par son physique atypique que par ses solutions innovantes et surtout économiques !
La voiture pour tous
Si il y a un segment qui a toujours marché pour les constructeurs automobiles, c’est celui de la voiture économique.
A la fin des années 50, Citroën est dépassé par la demande pour sa 2cv. Le constructeur parvient tant bien que mal à satisfaire les clients, en promettant des délais de livraison satisfaisants
De son côté, la 4ch Renault se vend elle aussi plutôt bien. Contrairement à la 2cv, la 4ch bénéficie d’une meilleure industrialisation (1000 véhicules / jour peuvent être construits), offrant des délais de livraison acceptables. Toutefois, son prix, plus élevé, et sa technologie dépassée font que de plus en plus de client préfèrent acheter une 2cv à la fin des années 50. Moins pratique, moins sûre, plus chère, Renault se devait de réagir.
Projet 112 et 350 : la voiture pour tous, partout
Le développement de ce qui deviendra la 4L débutera dès le milieu des années 50. L’objectif est de créer une voiture simple, économique, qui puisse se vendre partout dans le monde. Elle devra être pratique, pouvoir recevoir plusieurs carrosseries, et surtout, ce sera une traction.
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- Etude de style du Projet 350: les grandes idées de la R4 sont déjà présentes !
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- Dessin de la face-avant, plus proche du modèle de série (probablement 1958)
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- La maquette du Projet 350 permet de rendre compte de l’importance donnée à l’habitabilité dans la conception de la R4.
Plusieurs solutions seront proposées et testées au niveau du moteur, de la boite de vitesse et des suspensions. La voiture sera expérimentée en Europe, mais aussi sur des terrains plus difficiles, afin de s’assurer de sa solidité et de sa crédibilité partout dans le monde.
Pour ces essais, les véhicules sont systématiquement cachés à bord de camions bâchés et transportés de nuit sur des routes isolées et choisies au dernier moment… Mais cela ne l’empêchera pas de fuiter comme le prouvent ces photos.
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- Massive, le dession du Projet 350 sera abandonné pour une silhouette plus élegante.
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- Le Projet 112, très proche de ce que deviendra la R4 de série, face à ses rivales: la 2cv et la Fiat 600
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- Pour plus de discrétion, les prototypes étaient testés dans des endroits déserts et acheminés via des camions bâchés.
Plus belle que la 2cv, moins élégante que la Dauphine : la 4l est née
Reprenant des traits plutôt utilitaires, la 4L ne sera pas acclamée pour son physique. Toutefois, avec une consommation annoncée à environ 5,5l / 100km et un entretien simple, la 4L tient ses promesses de voiture populaire. Et avec seulement 7 millions de véhicules en circulation en France à cette époque, il est clair qu’elle avait un rôle à jouer !
La R4 face à sa déclinaison low-cost: la R3. Cette dernière ne survivra que quelque mois dans la gamme Renault
1/ Une carrière populaire
La 4l sera déclinée en de nombreuses versions. R3, R4, R4L et R4 Super, elle sera également épaulée en 1961 par une version utilitaire, la R4 Fourgonnette, offrant jusqu’à 300kg de charge utile. La Renault 4 sera en tête des ventes de 1962 à 1965 et de 1967 à 1968. En 1963, Renault lancera une grosse opération marketing avec le magasine Elle. En naîtra alors la R4 Parisienne, arborant sur la carrosserie des motifs écossais ou des cannages de couleur paille, ainsi que des éléments chromés.
La Renault 4 Super, elle, intégrée à la gamme depuis Mars 1962, joue le rôle de « haut de gamme » dans la grande famille des R4, avec son moteur poussé à 32ch, sa banquette arrière rabattable, ses chromes omniprésents, et surtout son hayon à ouverture inversée (s’ouvrant à la façon des breaks américains), avec la vitre coulissante.
En 1967, la Renault R4 subit son premier restylage intérieur avec une nouvelle planche de bord. Elle reçoit en 1968 une nouvelle calandre chromée englobant également les optiques.
En bref, sans grosse révolution la R4 et sa déclinaison fourgonnette évolueront à coup de petites touches : la fourgonnette bénéficiera notamment d’un volume utile optimisé dès 1972 grâce à un agrandissement de la cellule arrière et des motorisations plus performantes, permettant d’amener le volume utile à 400kg. Sa carrière s’arrêtera en 1985 : elle sera remplacée par un autre véhicule culte de la Régie Nationale : l’Express.
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- Afin de rendre la 4L Parisienne plus attrayante, Renault créa en partenariat avec ELLE la 4L Parisienne.
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- La toute première fourgonnette. Elle s’imposera rapidement comme la référence française du marché des utilitaires légers.
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- En 1968, la 4L adopte une toute nouvelle calandre chromée, englobant les phares.
2/ Les années colorées
Lancée en 1961, ses ventes s’essoufflent au milieu des années 70. Il faut dire qu’avec la sortie de la Renault 5 en 1972 et en 1974 de la Volkswagen Golf, la Renault 4 accuse le poids des années. Heureusement, ses prix accessibles et ses motorisations fiables lui permettront de survivre dans la gamme du constructeur. Toutefois, pour booster ses ventes jusqu’à la fin de sa carrière en 1992, le constructeur ne manquera pas d’idées. De nombreuses séries spéciales verront le jour pour rajeunir le véhicule et booster les ventes. Packagings et selleries exclusives (et osées), prix tirés vers le bas, éditions limitées, séries spéciales. La 4L bénéficiera d’un 3eme gros restylage en 1983 avec un tableau de bord plus moderne et la généralisation de la calandre en plastique à toute la gamme.
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- L’audacieuse Renault 4 « Jogging » et ses nombreuses touches colorées !
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- La Renault 4 GTL est emblématique du passage aux années 80 du véhicule, avec l’omniprésence de ses plastiques
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- En 1985, la Renault 4 a déjà passée la barre des 20 ans… Ce qui n’empêchera pas à Renault de le rappeler avec la « Sixties » et son inspiration rétro !
3/ D’audacieux bricolages
Dans les années 60, bien que la conception d’un véhicule sur une structure monocoque était relativement maîtrisée, de nombreux véhicules, par souci d’économie notamment, utilisaient un châssis externe. Cette solution permettait ainsi toutes sortes de bricolages, auquel la Renault R4 n’échappera pas. Du cabriolet au 4×4 en passant par la voiture de plage, de nombreux bricoleurs ont fait leurs armes grâce à la Renault 4. Mais pas que ! puisque même Renault proposera d’excentriques créations sur la base de son modèle phare. Découvrons ensemble quelques-uns de ces dérivés !
La Renault Plein Air
Au milieu des années 60, le phénomène des véhicules de loisirs envahit timidement le marché automobile. Les fameux buggy Meyers Manx, conçues sur des bases de Coccinelle, affolaient les ventes en Californie, tandis que le lancement de la Mini Moke en 1964 confirme la demande pour des véhicules « de plage ».
Conçue en collaboration avec Sinpar, la Renault Plein Air sera toutefois un véritable échec commercial. Vendue à seulement 600 exemplaires de 1968 à 1970, la Plein Air souffrira notamment de la concurrence de la Méhari, moins chère et plus polyvalente.
La Renault Rodéo
Toutefois, Renault n’abandonnera pas son idée en lançant la Rodéo en 1970. Succédant à la désastreuse carrière de la Plein Air, la Rodéo reprend cette fois-ci la plateforme de la Renault 4 fourgonnette, plus rigide. Nettement plus polyvalente que la Plein Air, la Rodéo sera vendue autant comme un utilitaire que comme un véhicule de loisirs. Toutefois, le mal est déjà fait: la Méhari lui fera toujours de l’ombre, et la Rodéo ne se vendra qu’à 60 000 exemplaires entre 1970 et 1986.
La SOVAM VUL
La SOVAM (pour SOciété Véhicules André Morin) VUL (Véhicule Utilitaire de Livraisons) est une tentative de partenariat entre l’atelier de carrosserie SOVAM et Renault. Raccourcie de 60 centimètres, la VUL s’adresse aux artisans et commerçants des cœurs de métropoles. Un véhicule très avant-gardiste et dans l’ère de notre temps, qui rencontrera toutefois un succès mitigé.
La SOVAM Coupé
Après la présentation en 1964 du VUL, l’entreprise familiale prend une nouvelle direction en présentant au Salon de l’Auto 1965 un coupé. Trop modeste, et malgré de régulières mises à jour mécaniques, aboutissant au 1255cm3 de la R8 Gordini, la SOVAM Coupé quittera le marché automobile aussi vite qu’elle y est apparue. Vendue presqu’aussi chère que l’Alpine A110, le modèle ne pourra lui faire face.
La Dallas
C’est probablement le dérivé artisanal le plus emblématique de la Renault R4: la Dallas. Présentée en 1982, la Dallas s’inspire de la Jeep Wrangler, rencontrant dans ces années là un succès fulgurant auprès des plus grandes stars hollywoodiennes. Une déclinaison 4 roues motrices Sinpar sera également commercialisée.
4/ 30 ans d’une carrière
Lancée le 21 Septembre 1961, la 4l évoluera sur plus de 3 décennies à coups d’améliorations mais sans réelles révolutions. Voiture de ville, de travail, pour la campagne, pour les bricoleurs, elle sera également largement utilisée par les forces de l’ordre, policiers, gendarmes, militaires, pompiers, pilotes. Voiture on ne peux plus populaire, la Renault 4 s’éteindra finalement en 1992 avec l’ironique édition limitée « Bye Bye ». Produite à 8 135 424 exemplaires.
La 4l n’est pas qu’une histoire automobile, c’est aussi et surtout celle de millions de personnes partout dans le monde.
