Symbole de liberté, vitrine de savoir-faire, l’automobile est une fierté nationale. Que ce soit en Europe, en Amérique ou en Asie, chaque pays à ses constructeurs locaux rivalisant d’ingeniosité pour proposer les meilleurs solutions aux problématiques de mobilité. Souvent décrit par les constructeurs comme un eldorado, le marché automobile Chinois connait un fulgurant essor depuis ces 10 dernières années. Mais, est-elle capable de réaliser des véhicules à la hauteur du marché international ? Nous avons mené l’enquête pour vous !
Bien que la première automobile roulant en Chine remonte à 1902, le premier véhicule véritablement chinois, le « Ming Sheing », remonte au 31 Mai 1931, était un utilitaire simple et modulable grâce à son châssis rigide. Anecdotique, la production automobile chinoise se développera timidement à partir des années 50, jusqu’à rencontrer un très fort accroissement à partir des années 90. Entre mauvaises copies de best-sellers européens et véhicules raisonnablement mauvais en tout point, les constructeurs étrangers ont pourtant compris toute l’importance du marché automobile chinois, en proposant des véhicules spécifiques à leurs marché.
I/ Un marché en plein essor
C’est au début des années 80 que la Chine franchira la barre symbolique du milliard d’habitants. Pratiquant une politique communiste, le moyen de transport le plus rependu de l’époque était le vélo, et l’automobile n’était alors réservée qu’à une élite. Une mentalité qui changera grâce à l’ouverture du pays en 1978, avec la volonté de la Chine de mettre en place des coopérations économiques avec d’autres pays. Une économie de marché s’installe finalement peu à peu, et c’est donc tout naturellement que l’automobile, bien d’élite, se déclinera de sorte à enfin devenir accessible à tout le monde.
1 – Faire du vieux avec du neuf
Pour proposer un véhicule accessible sur le marché du neuf, il n’y a pas 36 solutions: les constructeurs européens proposeront majoritairement des déclinaisons de bases, déjà rentabilisées depuis de nombreuses années. Ainsi, de nombreux best-sellers européens seront recyclés, modernisés ou même adaptés aux préférences du marché, à l’image de ces improbables Citroën Dangfeng C-Elysée, C2 et Peugeot 307 « Sedan »
2 – Non, l’imitation n’est pas la plus sincère des flatteries
Si cependant vous souhaitez proposer un véhicule accessible sur le marché du neuf, mais que vous ne disposez pas d’une base saine à exploiter, de nombreux constructeurs automobile chinois ont trouvé la solution. Contrairement à l’Europe, la Chine est assez libre au niveau des normes, notamment de sécurité et de plagiat. Pourquoi investir des sommes dans le design et la sécurité du véhicule si ce n’est imposé ? C’est ainsi que nous verrons fleurir sur le marché chinois de mauvaises copies de best-sellers européens ou américains, à la sécurité anecdotique et à la finition tout simplement inexistante. Mais à des prix neufs défiant toute concurrence: en France, les prix des véhicules neufs démarrent aux alentours des 7500€, en Chine, un véhicule neuf est accessible pour l’équivalent de 3 à 4000€.
Heureusement, en Chine, il n’y a pas que des copieurs: de nombreux concept-cars prometteurs verront le jour afin de proposer une solution de mobilité économique et innovante. Trop avant-gardistes, ne trouvant pas leurs places sur le marché, beaucoup de ces modèles, comme la « Sankoule » (littéralement « 3 bouches » faisant référence à la famille moyenne Chinoise des années 90, composée d’1 enfant et ses 2 parents), seront très rapidement retirés du marché, voir ne connaitront pas la commercialisation malgré des prototypes très proches de l’homologation.
II – Des véhicules adaptés au marché européen ?
Aussi mauvais soient-ils, les véhicules évoqués plus hauts se vendent bien. Très bien même: le groupe automobile Geely par exemple réunira suffisamment de fonds pour s’acheter Volvo en 2010, puis la London Taxi International en 2013 et deviendra même actionnaire majoritaire du groupe Daimler en 2018. Mais, comment expliquer une telle ascension de ces constructeurs chinois ?
1 – Des véhicules convaincants
Profitant de son rachat, Geely développera de nouvelles bases, plus modernes, en collaboration avec les ingénieurs de Volvo. Ainsi naitront la Xingrui en 2020, la Borui, élue voiture de l’année 2015 en Chine, et plus récemment le Xingyue L conçu sur la base CMA du Volvo XC40. Avec une finition qui n’a pas à rougir face aux références européennes du marché, les voitures chinoises s’améliorent également au niveau de la sécurité: en 2013, un premier véhicule chinois décrochera 5 étoiles au crash test Euro N Cap, la Qoros 3. Ainsi, c’est tout naturellement qu’apparaitront sur le marché européen, timidement, des Aiways, Fengguang, MG, Maxus, et Borgward.
2 – Des arguments chocs
Il n’y a pas que la qualité de ces véhicules qui est mise en avant: vendu 39 000€ en France (avant bonus écologique), le SUV Aiways U5 se place pourtant comme un SUV familiale électrique premium. Finition exemplaire, matériaux nobles, technologie maitrisée, le prix du Aiwys U5 est très compétitif face à ses équivalents sur le marché. Et, si aucun réseau du constructeur n’existe encore en France, le constructeur a pris soin de nouer une série de partenariats avec le réseau Feu-Vert, ou de nombreux mécaniciens ont étés formés sur le véhicule, et avec le réseau Go Mécano pour les interventions sur la carrosserie en aluminium.
Et en parlant d’électriques: avec plus de 25 000 ventes en Janvier et 112 000 exemplaires écoulés sur la moitié de l’année 2020, la très prometteuse Wuling Hongguang Mini EV est aujourd’hui la voiture électrique la plus vendue au monde. Certes, elle n’est pas aussi luxueuse que la Tesla Model 3, et son autonomie n’est que de 120 à 170km. Mais la petite populaire, offrant tout de même 4 places malgré son gabarit très compact, a un argument de choc, sur lequel la Model 3 ne peut rivaliser: le prix. Vendue près de 3700€ en Chine, la Hongguang Mini EV offre des prestations adaptées au milieu urbain, et bénéficie d’équipements de sécurité et d’aide à la conduite comme l’ABS et l’aide au stationnement.
III – Les best-sellers de demain ?
Avec un prix d’appel sous la concurrence, une finition de plus en plus soignée, et un arsenal d’équipements grandissant, la volonté des constructeurs chinois est claire: envahir internationalement le marché automobile. Un schéma qui, d’après les spécialistes, devrait rappeler le boom des véhicules coréens sur le marché: qui aujourd’hui ne connait pas Ssangyong, Kia, Hyundai, ou Daewoo ?
Toutefois, en Europe, l’image de marque de ces constructeurs est encore à faire: et, avec un réseau absent et une réputation inexistante (voir mauvaise dans l’imaginaire collectif de l’automobile chinoise), l’automobile européenne a encore de beaux jours devant elle !